Le site de Gettysburg donne des leçons de Management

Le site de Gettysburg donne des leçons de Management

Des leçons ‘expérientielles’ données dans des lieux exotiques tels que le renommé champ de bataille de la guerre de Sécession font désormais fureur dans le milieu de la formation des cadres.

En tant que cadre dirigeant de la société d’assurance Health Care Service (HCSC), située à Dallas, au Texas, Steve Thompson a l’habitude de recevoir l’enseignement de son conseiller d’entreprise. Pourtant, un mardi matin de juin, tandis qu’il se trouvait sur une colline située dans la Pennsylvanie de l’est, il a entendu parler d’un conseiller dans un nouveau domaine : le Général John Buford, un officier de la cavalerie de l’Union et qui a fait la guerre de Sécession.

Thompson a pris connaissance des prouesses de commandement de Buford à Gettysburg, le site de la fameuse bataille de 1863. L’historien militaire Cole C. Kingseed a parlé de la façon dont Buford avait été envoyé au front pour surveiller l’ennemi, au lieu de quoi il désarçonna ses cavaliers pour défendre une crête, donnant ainsi à ses collègues un avantage sur leurs adversaires pour la bataille qui allait suivre. ‘Il avait le pouvoir d’exécuter des ordres’, a déclaré Thompson tandis que les cadres d’entreprises telles que State Farm (société d’assurance) et Nationwide (NFS, une société de finance) ont acquiescé en signe d’approbation. Puis ils se sont dirigés vers Cemetery Hill, une zone défensive de l’armée de l’Union, afin d’approuver ou de contester l’avis selon lequel le Général Confédéré Robert E. Lee assurait mal la relève en tant que planificateur de l’armée.

Le cours qui s’est déroulé sur trois jours à Gettysburg, et dont le coût d’organisation par le Conseil d’Administration de la Conférence s’est élevé à plus de 5 000 $ (soit environ 3360 €) par personne, fait partie d’une tendance qui s’accroît dans les programmes d’instruction des directeurs : une formation expérientielle. Même si elles réduisent les budgets qui servent à financer des évènements prodigues ayant lieu en dehors des entreprises, ces dernières versent de l’argent aux organisateurs de programmes qui promettent de former de nouveaux talents de façon exceptionnelle. Parmi les entreprises qui ont envoyé des directeurs sur le site de Gettysburg se trouvent Pfizer (PFE), Sony (SNE), Honda Motor (HMC), Target (TGT), et Freddie Mac (FRE), une société aux abois. On s’attend à ce que le marché de formation des directeurs, fort de 12, 3 millions de dollars, s’étende annuellement à plus de 5 % au cours des quelques années qui vont suivre, selon la société de recherches Bersin & Associates (Bersin & Associés), soit presque le double de la croissance de la formation de l’ensemble du personnel des entreprises. Bersin s’est aussi rendu compte qu’un tiers des sociétés fait désormais appel à un genre de formation de directeurs, quel qu’il soit. Cela signifie que plus d’organismes seront incités à créer des programmes offrant des formations qui feront parler d’eux.

En même temps que proposer les visites de champs de bataille de la guerre de Sécession, les entreprises peuvent s’engager à offrir à leur personnel des leçons de direction impliquant la voile, des fouilles archéologiques, la marche sur le feu (une épreuve qui consiste à marcher pieds nus sur des charbons chauds), et même des leçons de murmure à l’oreille des chevaux. ChangeMaker, un cabinet -conseil recruteur de talents, basé à Upper Rissington, un village situé dans la région du Gloucestershire en Angleterre, emmène des groupes de directeurs appartenant à des entreprises telles que Electronic Data System (EDS) et la Royal Bank of Scotland (RBS, la Banque Royale d’Ecosse) en Afrique de l’Est, où ils visitent plusieurs villages de la tribu étendue et semi-nomade des Massai. Le coût de cette opération : environ 4 000 $ (soit environ 2680 €) par tête, sans compter le prix du billet d’avion. Lors des séances de débriefing, les participants ont parlé de la façon avec laquelle les Massai conservaient constante leur culture au milieu d’une organisation si vaste. Le président-directeur général de ChangeMaker, Chris Howe, soutient que ‘si l’on installe des gens dans un hôtel, et si on leur y enseigne quelque chose, ils ne découvrent rien qui puisse leur servir’.

PAS DE RENTABILITE NETTE

Cette déclaration peut être juste, mais le financement de ce projet est tel qu’il pourrait bien avoir du mal à se vendre auprès des directeurs de ressources humaines. Il est déjà difficile d’évaluer les gains perçus lors des programmes traditionnels de direction, alors cela ne les intéresse pas d’accorder de l’importance à la maitrise de la politique tribale récemment acquise par un cadre ou à son habilité à communiquer avec les chevaux. ‘Pour que ces éléments-là aient de la valeur, il faut qu’ils aient un lien important avec ce que vous y voyez, ce que vous ressentez, et ce que à quoi vous ferez face une fois retourné au bureau’, affirme Michael Useem, professeur de gestion à l’école Wharton School, qui dépend de l’Université de Pennsylvanie. Lors de ses cours donnés à des étudiants de maitrise de gestion et à des professionnels du commerce, Useem les a fait jouer dans des pièces de Shakespeare, les a initié à la dance moderne, à la randonnée en Patagonie, à la méditation. Ah oui, et aussi à leur a fait visité des champs de bataille.

Même si l’on peut douter de la valeur éducative de quelques cours, ils peuvent servir comme source de motivation pour faire naitre des talents. Thompson de chez HCSC, en ce qui le concerne, relate qu’en déambulant sur le site de Gettysburg, il a ressenti ‘l’impression d’une récompense’ pour avoir fait du bon travail. Tandis qu’avec une leçon ou une vidéo, il se pourrait que les conseils donnés ne soient pas bien retenus. Mais pour les cadres chanceux qui reçoivent un entrainement si spécial, la formation peut servir comme une deuxième série de vacances d’été, cette fois-ci aux frais de l’entreprise.

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