Le retour du dollar: Ce que les investisseurs devraient savoir

Le retour du dollar: Ce que les investisseurs devraient savoir

La soudaine puissance du dollar face aux autres devises clés pourrait refléter les prévisions faites sur une faiblesse économique à l’étranger, et non sur l’assurance que l’économie américaine soit en expansion.

Du fait de la baisse du dollar, c’est actuellement la meilleure période pour les touristes étrangers qui visitent les USA…et aussi pour  les groupes d’Américains qui exportent leurs marchandises.  Si on compare ceci  aux romans de  Dickens, la période  actuelle n’a jamais été aussi mauvaise pour le pouvoir d’achat des clients américains.

La détérioration soutenue du dollar  au cours de ces six dernières années, ainsi que sa chute  l’année dernière, ont contribué à tout cela et  à plus encore. Et cela a rendu d’autant plus remarquable la récente réapparition du dollar face aux autres devises majeures. D’aucuns voient le beau rebondissement du dollar au cours de ces dernières années comme le signe d’une confiance grandissante en une possibilité de croissance économique, mais ce rebond pourrait s’avérer n’être rien d’autre qu’un conte ou deux (voire plus)de politiques monétaires divergentes.

Le 5 août dernier, le comité de la politique monétaire de la Réserve fédérale  a attribué au seul fonds fédéral 2, 0%. Deux jours plus tard, la Banque Centrale Européenne a stabilisé son taux d’intérêt clé à 4, 25 %. La Réserve fédérale a déclaré que les crédits bancaires accordés avec réticence, la contraction continue du marché immobilier, et les prix élevés des ressources énergétiques continueraient probablement à entraver la croissance économique lors de ces quelques prochaines années, et elle a ajouté qu’elle s’attendait à ce que l’inflation se modère au cours des 18 prochains mois. La BCE a paru plus disposée à reconnaitre un risque inconvénient pour la croissance économique dans la zone euro, en anticipant même une possible contraction abrupte de l’économie en Italie le 8 août, ainsi qu’une prévision de ralentissement du taux de croissance économique en Allemagne au cours du second trimestre.

ON ESPERE, ON DESESPERE

Les stratégistes d’investissement affirment qu’ils s’attendent à ce que le prochain geste de la Réserve fédérale sera d’augmenter ses taux, tandis que la BCE semble plus encline à baisser les taux, du moins au cours de l’année prochaine. Cette idée a dévalué l’euro face au dollar le 8 août dernier et a aggravé son affaiblissement le 11 août. L’indice du dollar américain, un contrat à terme offert par l’Administration  du Commerce de New York qui indique la position du dollar par rapport aux autres monnaies, a augmenté de 0,37%, atteignant 76, 125 points le 11 août après avoir bondi de presque 3,3 %  au cours de la semaine qui s’est achevée le 8 août.

‘L’augmentation récente du dollar américain est due en grande partie aux prévisions, envisagées par le marché, que  les taux d’intérêts américains à court terme atteignent leur niveau le plus bas, associé à une probabilité amoindrie d’une restreinte plus importante des crédits accordés par la BCE’ a écrit sur une note parue le 8 août Alec Young, stratégiste d’équité internationale attaché à la société  financière Standard& Poor’s  Equity Research Services, citant ainsi un rebond significatif du dollar face à l’euro, au yen, à la livre sterling, au dollar canadien, au krona suédois, et au franc suisse par rapport à la période de creux qu’il a connu le 17 mars, 2008, lorsqu’il a battu son déclin record de l’année          à  6, 7%.

Les stratégistes monétaires de  la banque américaine Brown Brothers Harriman ont  été prompts à déclarer sur une note de recherche publiée le 8 août que la tendance à la baisse du dollar, qui s’est maintenue  pendant de nombreuses années, était finie, ayant ainsi fini le processus de ‘racler le fond’.

En citant les sommets ridicules atteints par les valeurs de technologie à la fin des années 1990 et en 2000, l’avertissement prédisait ‘nous allons contempler, avec un effarement similaire,  les transactions de la livre à 2, 10 $ et celles de l’euro au-dessus de 1, 60 $, tandis que la valeur du dollar australien approchera celle du dollar américain.’

VENDRE  LORS  DES  RALLIEMENTS DE  LA ZONE  EURO ?

Ce sont des traders ayant agi avec impulsion qui ont conduit au rebond du dollar, plutôt que des investisseurs institutionnels à plus long terme,  qui  eux n’ont pas encore inversé leur foi en la baisse du dollar, affirme Meg Browne, stratégiste monétaire en chef chez Brown Brothers Harriman, lors d’un interview accordé à BusinessWeek.com. Elle a cité des données sur les positions spéculatives prises par l’International Money Market à Chicago lors de la semaine qui s’est achevée le 5 août .

‘Je ne pense pas que les gens aient admis l’idée selon laquelle le dollar est en hausse, et ce à long terme, par rapport à l’euro, admet Browne. Il s’agit d’un processus qui va prendre un bon moment.’  Bien que l’indice de l’euro ait atteint son taux maximal, soit juste un peu plus de 1, 60 $, il est probable que cette devise suscite quelques achats en réaction aux chiffres du produit intérieur brut dans les économies clés de la zone euro, prédit Brown.

Avec l’euro équivalent, le 8 août  dernier, à 1, 5285 $, battant ainsi son pire record en quatre mois, Browne suggère d’organiser des ralliements de la zone euro afin de rectifier cette devise, dans le but d’amorcer une série de positions courtes de l’euro à plus long terme.

La chute dramatique du  prix du pétrole et de celui d’autres produits ou denrées au cours de ces dernières semaines a aussi joué un rôle important dans la reprise du dollar, puisque  le prix de ces produits tend à être indiqué, la plupart du temps, en dollar, annoncent les observateurs.

‘Au cours de ces  quelques derniers mois, à chaque fois que les prix des produits augmentaient, le dollar avait tendance à se dévaloriser. Actuellement, cette tendance commence à se renverser’, constate Ihab Salib, gérant de portefeuille et responsable du revenu fixe international chez Federated Investors ( FII), une société de services financiers basée à Pittsburgh, en Pennsylvanie. Salib n’est pas certain qu’il y ait un lien direct entre la puissance du dollar et les prix des produits, qui selon lui chutent en réaction à la demande en déclin tandis que les taux de croissance économique du monde entier ralentissent.

Il ajoute cependant : ‘ si on voit que le prix des produits continuent à augmenter, alors au moins une hausse du dollar s’en fera sentir’.

LE    DOLLAR    PRET   A   INVERSER   LA  TENDANCE

Une autre raison  qui explique le rebond du dollar se tient dans l’aide perceptible qu’il  a reçu à la fois du Ministère américain des Finances et de la Réserve fédérale  au cours de ces derniers mois, affirme Carmine D’Avino, conseiller financier chez Pinnacle Associates, une société de conseils d’investissement qui déploie des fonds de devises échangés dans les portefeuilles clients. ‘Il est très rare que la Réserve fédérale  parle de la valeur du dollar’, relate d’Avino, mais il pense que les commentaires qu’a exprimé  le 3 juin Ben Bernanke, le président de la Réserve fédérale, sur le dollar (lire l’article paru le 3/06/08) ont été motivés par son inquiétude que la baisse du dollar puisse contribuer à des pressions exercées par l’inflation.

D’avino poursuit en disant qu’il a commencé à inclure dans son portfolio de juin des parts de  de la société de services PowerShares Deutsche Bank  U.S. Dollar Index Bullish Fund (UUP) parce qu’il craignait de plus en plus que le dollar soit survendu.

Frank Trotter, président d’EverBank Direct, le service bancaire en ligne  qui dépend de la banque EverBank, basée à Jacksonville, en Floride, pense que la dépréciation du dollar peut avoir été exagérée du fait de la montée en flèche du prix du pétrole et  de la crise financière qui s’est amplifiée pus tôt cette année. Cela pourrait contribuer à ce que le dollar continue à se renforcer  cet automne, voire même cet hiver, mais il pense que les facteurs  économiques essentiels indiquent toujours un déclin à plus long terme.

 DOUTES QUANT  A  L’ALLURE  DU  DOLLAR

Trotter cite la politique fiscale  (notamment le déficit commercial croissant) comme étant la principale raison de la baisse du dollar au cours de ces six dernières années, et la racine d’une  dépréciation plus perceptible au cours des quelques années à suivre. ‘Il y a de meilleures opportunités qui s’offrent aux investisseurs du monde entier, s’exprime-t-il. Ils feraient bien mieux d’investir en Chine, à Singapour, en Australie, peut-être même en Thaïlande et en Malaisie, et certainement en Inde, étant donné que les taux de croissances de ces pays sont bien plus élevés,’, à la fois en ce qui concerne l’investissement direct et en jouant sur les marchés boursiers de ces pays.

Après les élections présidentielles qui auront lieu en Novembre, et sans tenir compte de quel parti remportera la Maison Blanche, Trotter prévoit que le déficit budgétaire s’étendra pendant les deux prochaines années. Il estime qu’il est probable que les dépenses intérieures et les frais militaires continus dépassent l’augmentation des déclarations fiscales.

Browne, de la banque Brown Brothers Harriman, est plus optimiste quant aux chances du dollar de remonter au cours des prochaines années. Elle soutient qu’il est peu probable que les Etats-Unis subissent une récession, bien qu’elle doute que le taux du PIB retourne d’ici peu à ses niveaux à long terme, qui s’élèvent à 2,5 % et 3%.

Salib de la société Federated Investors est moins confiant : ‘la croissance de l’économie américaine n’aura probablement pas belle allure au cours des plusieurs trimestres qui vont suivre. Les taux devraient se maintenir, ce qui devrait limiter la hausse du dollar à partir de maintenant’, argumente-il.

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